«Le Prince» de Mohamed Zran
Les fleurs du mâle
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Dans Tunis aujourd’hui, Adel, un jeune fleuriste de condition modeste tombe amoureux de Donia, une belle banquière de dix ans son aînée dont il tente de conquérir le coeur en lui offrant des bouquets de fleurs...
Jusqu’à ce nouvel opus, l’oeuvre de Mohamed Zran se réduisait à un seul long métrage, l’excellent et âpre «Essaïda», qui avait drainé de très nombreux spectateurs au cours de sa projection aux J.C.C. il y a quelques années, puis lors de sa sortie commerciale. Très attendu, «El Amir» (Le Prince) a connu une très grande affluence pour sa première à ces 20ème J.C.C.
Comédie populaire à la fois réaliste et poétique, elle a séduit le public qui l’a fortement ovationnée. C’est en effet un film qui vient sortir le cinéma tunisien de sa torpeur.
Un film brillant, éclatant, vociférant, parfois sage mais toujours vivant... Mohamed Zran a su capter avec justesse et sans concession d’aucune sorte les rapports sociaux au sein de la Tunisie actuelle sans jamais jouer au donneur de leçons. «El Amir» transpire d’humanité, à travers une histoire où le rêve, les désillusions, l’envie d’exil, l’amertume, l’espoir forment un joli bouquet au milieu de l’artère principale de la capitale où circule du matin au soir un vendeur de miroirs aveugle qui invite les passants à se regarder. Tout le film de Zran joue sur des situations paradoxales...
Dans ce décor naturel, cinégénique, il évoque bien sûr différents maux de la société: chômage, corruption, vide culturel et intellectuel, bars surbondés, hommes absents-présents (le père de Adel occupé à suivre les matchs de foot à la télévision et à remplir les coupons du Promosport), femmes (la mère de Adel protectrice et courageuse), l’hypocrisie dans les rapports entre hommes et femmes, l’amitié virile, des thèmes d’actualité qui sont là pour nourrir et éclairer le coeur de son film, simples reliefs à une histoire qui parle avant tout d’amour et de rêve.
Certains reprocheront un scénario peu élaboré et pas assez complexifié mais tous reconnaîtront à Zran un style personnel et une âme tunisienne qui est aussi celle de ses comédiens, tous magnifiques d’énergie, et ceci grâce à un travail de direction efficace.

Neïla Gharbi

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