La 25ème session des JCC se tiendra du 29 novembre au 6 décembre 2014

Hommage à Maurice Pialat


Une éthique de la vérité


« C'est en se battant perpétuellement contre lui-même et contre les autres qu'il cheminait dans sa vie et dans ses films, a bâti une oeuvre incomparable de vérité et d'épaisseur humaine, dont quasiment chaque plan pèse des kilotonnes de matière vitale ». Cette citation de Serge Kaganski nous introduit de la meilleure des manières à la rétrospective Pialat.

De L'amour existe ( 1961) son premier court-métrage au Garçu ( 1995) son dernier film, Pialat aura construit une oeuvre cohérente et forte marquée par une constance jamais démentie dans la quête de vérité. Extirper des moments de vérité à une machine à fabriquer du faux, faire des films pour conjurer la mort clinique d'un art qui s'est fourvoyé à ses yeux d'éternel insatisfait de son cinéma et du cinéma. La recherche de vérité ne relève pas chez Pialat d'une posture esthétique mais d'une éthique de vie. Misanthrope, colérique sur les plateaux, ronchon avec la presse, nourrissant du ressentiment pour ses collègues de la nouvelle vague qui auraient pris le train les menant à la gloire en l'oubliant sur le quai, Pialat aura pâti sa vie durant d'une « mauvaise » réputation ayant provoqué parfois chez certains un aveuglement par rapport à la puissance de son cinéma. Ces clichés galvaudés par une critique souvent malveillante et empressée auront conforté Pialat dans la marginalité qu'il s'est choisie. « Un bloc de marge au centre du cinéma français » comme le dira Antoine de Baecque dans un article pour Libération.

Aux antipodes de tout académisme, ce qui a toujours importé pour Pialat c'est la vérité du moment qui se dégage d'un plan. C'est cette émotion qui vient sourdre au détour d'un regard, d'un geste d'une expression. La vérité ne se planifie pas, Pialat n'en a que faire des plans de travail à respecter, des scénarios à idolâtrer, des cadrages au cordeau. Point de méthode chez Pialat, filmer relève d'une expérience humaine et existentielle travaillée par ce souci constant de donner à ressentir du vrai et c'est au dispositif de se plier à cet éthos au fondement de la démarche du réalisateur.

Faire un cinéma exigeant tout en rencontrant le grand public à l'exception de son dernier film Le Garçu tous les films de Pialat ont avoisiné voir dépassé le million d'entrées en France), ce n'est pas la moindre des réussites de cet immense cinéaste qui voyait en ses films des « ratages ». Sublimes ratages !
Ikbal ZALILA


115 -   L’AMOUR EXISTE de - FRANCE ( 1961 )

116 -   LOULOU de - FRANCE ( 1980 )

117 -   A NOS AMOURS de - FRANCE ( 1983 )

118 -   POLICE de - FRANCE ( 1985 )

119 -   VAN GOGH de - FRANCE ( 1991 )




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