Culturel lundi 03 novembre 2008
La « fin » et les moyens

 L’Éthiopie rafle, avec Teza, cinq prix dont le Tanit d’or 8.

Après une semaine où toutes les têtes de Tunis étaient tournées vers le cinéma, les JCC se sont achevées avec une cérémonie dont la qualité a bien contrebalancé l’ouverture.

La surprise fut au rendez-vous avec l’attribution de nouveaux prix dans la compétition officielle cinéma : un Prix Randa Chahall a été remis à la Palestinienne Anne-Marie Jacir pour «Le sel de la mer», ainsi qu’un Prix Elyès Zrelli du court-métrage, en hommage au jeune réalisateur disparu dernièrement, au dessin animé «Riadh» de Lotfi Mahfoudh et au «Poisson noyé» de Malik Amara.

Et, comme nous le voyons, la Tunisie fut bien repue : le Tanit de bronze pour «Khamsa» de Karim Dridi qui recevait aussi le Prix du Meilleur montage, alors que son protagoniste, le petit Marc Cortès, dont la performance était étonnante, était sacré Meilleur espoir masculin. Ce fut aussi la surprise avec le Tanit d’argent remis à la Palestine pour «Leïla’s Birthday» de Rashid Masharoui, (un lendemain rayonnant pour le cinéma palestinien ?).

Nous devons la plus grande surprise, évidemment, au film «Teza» de l’Éthiopie qui recevait, coup sur coup, cinq distinctions : Prix de la musique, de l’image, du scénario, du Meilleur second rôle masculin et, cerise sur le gâteau, le Tanit d’or qui fut décerné à l’unanimité et au premier tour de scrutin par le jury présidé par l’écrivain Yasmina Khadra, pour le chef-d’œuvre bouleversant qu’il est, pour sa pudeur et pour l’émotion qu’il suscite.

Nous fûmes bien quand même bien déçus. Le samedi 25 octobre dernier, nous étions éblouis par les fastes et les paillettes de l’ouverture : parterre de stars, tapis rouge déployé sur l’avenue Bourguiba, des flashes de photographes simili-cannois, etc. La cérémonie s’était de surcroît déroulée sans aucune bévue, à quelques exceptions près. La clôture se devait d’être tout aussi grandiose. Sauf que, avant-hier, ce fut la dégringolade. La désillusion à la bonbonnière. Les fils ont lâché, le lifting s’est défait. La déception fut « énorme », et la clôture de cette 22e session fut tout bonnement choatique.

 On a eu  droit , d’un côté, à des bagarres dans le public, et de l’autre un spectacle d’une incroyable rareté sur la scène du Théâtre : les lauréats qui avaient du mal à se frayer un chemin parmi les photographes pour aller chercher leurs prix, et s’ils n’étaient pas retardés par cela, ils ne se manifestaient qu’à la proclamation du prix suivant – allez savoir pourquoi – ; un manque de synchronisation affligeant ; lauréats, jurés et célébrités chargées de remettre les prix étaient tous perdus ; la musique interprétée par les frères Gharbi, lancinante et soporifique ; les performances transitoires, entre un prix et un autre, du groupe de musiciens rappelaient beaucoup, dans leur médiocrité, les émissions de nos chaînes nationales ; les maîtres de cérémonie Dhafer El Abedine et Chiara Bongo étaient livrés à eux-mêmes, alors que le couple qu’ils formaient manquait atrocement d’harmonie ; etc., etc. Une déroute …

Force est de croire qu’il n’y avait pas de metteur en scène pour cette cérémonie. Quand on connaît les efforts prodigués par le comité des JCC ainsi que par la directrice, Dorra Bouchoucha, l’on ne peut comprendre… Un festival de l’envergure des JCC ne devait pas mériter une telle clôture. Finalement, il aurait fallu s’intéresser à autre chose qu’au tapis rouge.

Khalil KHALSI