Hommages à Habib Masrouki

Habib Masrouki, originaire de Kairouan, éclairagiste et directeur de photo de talent, nous a quitté en novembre 1980. Il était alors âgé de 30 ans.
Dans les quelques réalisations auxquelles il a pris part, il a fait preuve d'une inspiration juste et d'une acuité de regard remarquable.
Pur produit du cinéma amateur, Habib Masrouki, cinéphile d'une grande culture, a réalisé, en 1967, « Notre Monde » un film d'animation d'une dizaine de minutes.
Dans ce film et par le biais de paquets de cigarettes soumis à des acrobaties en tous genres, Masrouki concocte une parabole mordante sur les grandes puissances de ce monde et leurs systèmes hégémoniques.
Le symbolisme politique, dans ce film, est efficace parce qu'il mise sur la drôlerie. (Malheureusement ce court-métrage reste, à ce jour, introuvable).
En 1972, il est directeur de la photo sur le film « Seuils interdits », de son ami et complice Ridha Béhi. La ciselure du cadre et la graphie extrêmement soignée des plans affirment l'empreinte de ce créateur.
Habib Masrouki intègre le collectif du Nouveau Théâtre, à sa création en 1975, en compagnie de Fadhel Jaïbi, Fadhel Jaziri, Jalila Baccar et Mohamed Driss.
Au sein du groupe, son talent s'exprime pleinement ainsi que son inspiration précoce et sa sensibilité, chose palpable dans « La Noce », un des chefs-d'œuvre du cinéma tunisien tourné en 1978, à partir de l'adaptation d'une pièce éponyme montée par le Nouveau Théâtre en 1976-1977.
Dans ce film Habib Masrouki était le géomètre de la lumière et de ses nuances.