Condenser la diversité et la vitalité du cinéma sénégalais en une dizaine de films est sans nul doute une entreprise impossible.
Cette programmation, que proposent les Journées Cinématographiques de Carthage dans le cadre de « Sénégal, pays invité », tente de s’imprégner d’un souffle porté par un cinéma qui a su garder sa place pionnière dans le cinéma du continent et qui s’ouvre constamment sur l’universel tout en renforçant son ancrage dans sa singularité nationale.
Ce programme ambitionne de donner une image panoramique de cette expérience fascinante qui se fait l’écho des grands enjeux culturels actuels. Et cela concerne aussi bien l’aspect industriel qu’esthétique.
Les différentes générations qui ont fait l’histoire du cinéma sénégalais sont représentées. D’abord les œuvres des bâtisseurs qui sont Ababacar Samb Makharam et Sembène Ousmane. Avec ce dernier le cinéma outil de combat et de pédagogie s’est fait « école du soir » pour le peuple. Sa démarche et son discours éminemment politiques ont inspiré de nombreux cinéastes africains.
La nouvelle génération s’est éloignée de la partition dialectique pour donner à l’expérience du cinéma sénégalais une portée émotive et urbaine souvent fascinante et détachée de l’impératif communautaire. Des œuvres d’une grande densité lyrique ont vu le jour. Elles doivent beaucoup au cinéma incandescent de Dibril Diop et elles ont pour auteurs Alain Gomis ou Joseph Gay Ramaka.
Les films des jeunes cinéastes de la diaspora, comme Matti Diop ou Alassane Diago rencontrent un succès indéniable au niveau international et continuent à creuser le sillon d’un cinéma créatif et concerné…