«EL Manara» de Belkacem Hadjadj
La lumière de l’espoir
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Algérie 1988, le pays est taché de sang. Peur, traumatisme et suspiscions traversent «El Manara», du réalisateur algérien Belkacem Hadjadj qui a déjà signé l’excellent documentaire «Une femme-taxi à Sidi Bel Abbès» (2000).
Dans un contexte des plus chaotiques, trois jeunes amis: Asma, Faouzi et Ramdane, libres et insouciants, se trouvent induits subrepticement dans la folie meurtrière engendrée par une dérive islamiste incontrôlable.
«El Manara», film d’un réalisme poignant, raconte une petite histoire dans la grande Histoire. Une leçon de vérité conduite par une caméra-stylo qui va droit au coeur des évènements. Le réalisateur s’investit pleinement dans ce témoignage direct et ne ménage aucune sensibilité. L’allégresse et la bonne humeur avec lesquelles débute le film s’estompent vite pour laisser place à des situations marquées par la violence et la terreur.
Faouzi, journaliste engagé dans la presse indépendante, rêvant d’ouverture et de démocratie, et sa jeune épouse Asma, espiègle et pleine de vie dont l’ambition est de créer une association pour la protection d’El Manara, mausolée où se déroule une fête traditionnelle célébrant la naissance du prophète Mohamed, sont pris en otage par des extrémistes religieux. Ramdane, médecin sérieux et appliqué, se laisse pièger par les intégristes et devient un des leurs. Se croyant investi d’une mission divine, les islamistes font subir à leurs otages et tous ceux qui leur tombent sous la main toutes sortes de sévices, de tortures et de mutilations. Les règlements de comptes entre eux, modérés et radicaux, sont d’une brutalité foudroyante. L’armée n’est pas non plus épargnée. Elle est accusée de participer à ces exactions.
Le film met le doigt sur cette parenthèse obscure de l’histoire contemporaine de l’Algérie, en utilisant des images d’archives relatant les émeutes et l’assassinat, filmé en direct par la télévision algérienne, du président Boudhiaf.
«El Manara» est un film de colère, de révolte, de mémoire et de deuil à l’adresse des victimes: hommes, femmes et enfants. «El Manara» porte en lui l’espoir d’une Algérie où règneraient un jour paix, tolérance et sécurité.
Belkacem Hadjadj a excellé dans sa description de l’état d’un pays en danger.. Ses trois protagonistes sont au diapason de ce film éclatant de sincérité.

Neïla Gharbi

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