Il fallait y penser, Mohamed Ben Attia l’a fait. Et comme dirait l’autre, il y a la manière... Et sa manière à lui est légère et espiègle. Il est jeune, vient d’un autre monde que celui du cinéma, a raté la FEMIS de près mais ne se fait pas du mouron pour autant. Il a aimé, il aime et il aimera toujours le cinéma. Et cela se voit à l’écran.
«Romantisme, 2 comprimés matin et soir» est son premier court métrage. Auparavant, il avait écrit le scénario d’un long métrage, qu’il réalisera aussi, si tout va bien.
«Romantisme...», c’est un rêve que l’on a tous fait; ou tout au moins tous ceux qui «fréquentent» les salles de cinéma. A la longue, il y a comme un effet de feed-back. On ne sait plus à quel monde on appartient. A celui du rêve? de la réalité? A la faveur de la lumière, rallumée dans la salle, Meryem et Walid vivront, chacun à son tour, sa propre déception. Et s’il faut faire avec...
Elle et lui, un couple, des couples, l’amour, la vie... En deux temps, trois mesures.
A la faveur d’une caméra subjective, Ben Attia, d’emblée, annonce la couleur. La nuit, tous les chats sont gris. C’est ce que dit l’adage. Cela permet l’illusion. Sans illusions, on ne peut pas vivre. Car l’illusion, c’est un rêve en attente, un rêve à atteindre. Cela nous fait avancer.
Tout comme en rêve, tout est rose; les deux personnages principaux du film, s’il en est, tels que fantasmés, sont jeunes, beaux et apparemment riches. Mais si Walid se voit déja parti en Australie pour y bâtir un empire, Meryem, malgré tout, conserve des «garde-fous», même dans le rêve : la mère, le père, la société...
Mais de quoi rêvent les jeunes filles? De mariage, de bonheur... A chacun le sien, cela va de soi.
Le temps que durera le film durera le fantasme. Elle est belle, très belle (Kenza Bouchoucha joue là son premier rôle au cinéma), et son alter ego est forcément beau.
Quand la lumière s’allume, ils se regardent en chiens de faïence. «Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel...». Et à l’image d’autres couples, soudés par la rencontre - celle-ci est cinématographique - ils feront, pourqui pas, un bout de chemin ensemble, le temps d’une chanson...
Mohamed Ben Attia en fera du chemin. Et rattrapera son rêve.
Samia Harrar