« Bab El Arch », premier long métrage du réalisateur Mokhtar Ladjimi, fait partie de ces films qui interpellent et qui ne laissent pas indifférent, à cause du thème abordé et de la manière de le traiter. « Cela fait des années que je suis derrière ce projet. C’est un film militant qui a été difficile à monter, financièrement parlant… »
Le sujet est en effet audacieux puisqu’il pose, selon son réalisateur, «la problématique de l’individu, de la création et de la liberté d’expression, un sujet qui dérange sous toutes les latitudes. » Depuis sa projection en public lors de cette session des JCC, « un bouillonnement est perceptible, ce qui montre qu’il a touché les gens. »
Le film tourne autour de la castration sexuelle et intellectuelle de Hamid, qui a besoin de s’exprimer en tant que journaliste, pour se réaliser en tant qu’homme. Ayant réalisé de nombreux documentaires, Mokhtar Ladjimi se sent très proche du métier de journaliste, d’où une part d’autobiographie…
Pour lui « la transgression met toujours mal à l’aise même les intellectuels, qui n’aiment pas se regarder en face. Certains journalistes se sont sentis mis en cause, ou blessés par le film, d’où des réactions passionnelles. » Pour lui, ce film est « courageux car il dit des choses qui dérangent, qui touchent le grand public qui a bien réagi particulièrement lors de la deuxième projection. »
Refusant une lecture tronquée de son œuvre, le metteur en scène assure que le film « ne porte pas de regard exotique ou nostalgique sur la société. Et même lorsqu’on voit une scène de nu, elle a sa raison d’être et elle sert la dramaturgie, car le personnage est introverti. Il faut donc dépasser ce débat stérile qui ne fait pas avancer l’analyse filmique. »
Concernant la réalisation du film, Mokhtar Ladjimi soutient qu’il a
« opté pour une mise en scène classique et un rythme vif. Je n’ai pas cherché à faire un exercice de style, vu la gravité du thème. Il faut faire une analyse du fond du problème : la castration, l’étouffement familial et social… »
Concernant certains échos de presse, le réalisateur estime que
« quelques critiques s’intéressent plus aux strass et paillettes, et ne font pas de véritables analyses. En tant que cinéaste, je me sens un peu frustré par cette vision tronquée des œuvres présentées. Ils n’ont pas vu que Hamid, c’est la conscience torturée, le désir frustré, l’intelligence opprimée…»
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