Ma première participation aux JCC remonte à 1970. Première découverte du Monde arabe. Premier contact avec la réatité de l’Afrique au nord du Sahara.
Les JCC furent pour moi une découverte de la culture arabo-berbère. En effet, la présence de plusieurs cinéastes (réalisateurs/trices, comédiens/nes et techniciens/nes) de l’Afrique et Moyen-Orient me permit de prendre conscience de la problématique de la Cause palestinienne.
Pour nous qui venions de l’Afrique au sud du Sahara, les rencontres et échanges avec nos collègues du Machreck étaient d’une valeur inestimable pour comprendre la situation de nos frères palestiniens, car la propagande ne nous disait pas toute la vérité.
Carthage nous a permis aussi de découvrir une autre cinématographie du Monde arabe; avant que les films hindous ne s’imposent en Afrique, il n’existait qu’un seul cinéma, celui de l’Egypte. Avec les JCC, l’ouverture vers le cinéma d’auteurs s’est imposée.
Ce que je garde le plus de Carthage pendant les premières années, ce sont les échanges, les débats, la liberté d’expression des cinéastes et du public. Je peux affirmer aujourd’hui que ces discussions libres où chacun donnait son point de vue a fait avancer le cinéma africain, a changé de beaucoup le comportement stéréotypé des uns vis-à-vis des autres.
Il faut dire qu’une société ou structure ne peut avancer sans débat; la liberté que nous avions à Carthage faisait que ce n’était pas seulement un festival comme les autres, mais un espace de confrontation d’idées qui a beaucoup apporté au cinéma.
(Cinéaste sénégalais)