JCC et public
« Mais où est passé le cinéma militant ? »
Powered by Network Tunisie

Un festival du cinéma, c’est la fête, les récompenses, les débats et les découvertes. Bien Sûr… Mais c’est aussi le public, (ou les publics ?) qui doit voir les films, discuter dans les forums ou dans les cafés, assister en masse aux projections et bouder quand il le faut ! Nous avons voulu aller à la rencontre de ce public, si varié, si inattendu…
Un petit tour devant les guichets et un petit coup d’œil jeté à l’intérieur des salles de cinéma de la capitale nous ont vite convaincus que l’événement est bien présent et que les JCC sont vraiment une fête populaire. La
« couleur » dominante est celle des jeunes, étudiants pour la plupart, qui ont une après-midi libre, qui ont fugué de leur fac ou dont les cours n’ont pas encore commencé.
Ils trouvent que les prix des billets (1Dinar pour les étudiants) sont
« plutôt raisonnables » et que « cette fête du cinéma permet d’avoir un esprit ouvert, de devenir plus intelligent… ». Les étudiants en audiovisuel, qui sont les plus nombreux, critiquent beaucoup « la qualité technique de certains films, la lenteur du montage et les incohérences de certains scénarios…
Le public adulte, plutôt rare, est essentiellement composé d’enseignants, d’intellectuels plus ou moins branchés, de quelques retraités encore ouverts sur la création et l’innovation. Mais ils trouvent
« rarement de bons films » et semblent regretter « l’époque où le cinéma arabe et africain était plus militant. »
Côté salles, il faut constater qu’aucun effort n’est fait pour présenter les films de façon attrayante. Peu d’affiches sont collées à l’entrée et, la plupart du temps, on ne trouve qu’une photocopie du programme des JCC, à peine lisible. Parfois, le titre du film est écrit au stylo feutre, sans autre indication ! De quoi décourager les plus vaillants spectateurs !
Les films qui attirent les grandes foules sont les productions tunisiennes, ce qui fait dire à un guichetier : « C’est comme les matches de la coupe d’Afrique, si la Tunisie joue, le stade est plein… ». Suivent de près les films arabes, surtout si les acteurs sont des vedettes confirmées.
Les films africains sont surtout suivis par des publics avertis, qui cherchent de nouvelles formes d’expression, loin des sentiers conventionnels. Les autres films présentés dans divers cadres reçoivent plus ou moins de public, selon les intérêts de chacun…
Cet état de choses est tout de même inquiétant pour un festival qui se veut le reflet des cinémas du Sud et devrait provoquer une profonde réflexion de la part des responsables des JCC. Cette réflexion permettrait de trouver des réponses adéquates à cet état de choses…
Un dernier point concerne l’après- JCC : de nombreux exploitants se plaignent de « la désaffection du public, malgré une nette amélioration des qualités techniques de la projection et la distribution de films récents ». Dès qu’il fait trop chaud ou trop froid, les salles se vident. A tel point que, durant le mois de Ramadhan, certaines d’entre-elles se transforment en « cafés chantants. »
Il y a de quoi déchanter…

REF

Retour
Bas Haut Histoire du Tanit