C’est sûr, quand on connaît les oeuvres des grands cinéastes tels que Kurosowa, Chaplin, Welles, Eisenstein ou Hitchcock... on ne peut qu’avoir un sentiment de déjà vu devant les oeuvres des cinéastes actuels.
Ces grands maîtres du cinéma ont tout inventé ou presque. Du cadrage au montage, de la lumière aux mouvements de la caméra, ils étaient les précurseurs qui ont fait le tour de l’art de créer un film en entier.
A la vue de l’oeuvre de Fritz Lang (1890-1976) «Les trois lumières», film de 1921 nouvellement restauré, on ne peut qu’être conforté dans cette opinion.
F. Lang, l’un des pionniers du cinéma de science-fiction avec «Métropolis» (1925) et du thriller «psychopatique» avec «M. Le Maudit» (1931), s’installe aussi comme l’un des premiers à codifier un genre qui mêle le paranormal au fantastique, voire même à un zeste d’horreur. Le tout est inscrit dans une pensée philosophique parlant de la vie, de la mort et de l’amour.
Certaines scènes du film, certains effets spéciaux et quelques trucages sont devenus aujourd’hui omniprésents dans les films du genre. Ainsi, malgré les nouvelles inventions technologiques, l’ingéniosité et la créativité d’un Fritz Lang sont toujours des repères que les nouveaux cinéastes imitent, certes avec un réalisme plus accentué, sans en trouver l’alternative.
Deux séquences illustrent ces propos. D’abord celle où des fontômes flottent dans l’air et traversent un mur, séquence devenue inséparable de tout film du genre. La seconde est le plan en contre-jour où le médecin ceuille des herbes médicales sur une colline avec des ombres d’arbres menaçantes par une nuit de pleine lune. Cette séquence est devenue, aussi, un pilier des films d’horreur et de suspense.
Cette tendance à la répétitivité indique-t-elle que le cinéma a fait son plein de créativité? Est-ce, peut-être, un choix de facilité fait par la majorité des cinéastes qui sont venus après? Où est-ce l’annonce d’une mort lente de la créativité, dans son sens le plus large, dans un monde de plus en plus codé?
Quelle que soit la réponse, espérons que les lumières ne sont pas toutes éteintes.
Nasser Sardi (A.T.P.C.C.)
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