Lors des discussions que l’on peut avoir avec divers participants aux JCC, on entend souvent des interrogations sur l’identité de cette manifestation, sa fonction, son utilité. Or, on oublie souvent que cette fête du cinéma a des qualités que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. La première de ces qualités est sa longévité, qui est un exploit en soi. Dans une région où les festivals naissent et meurent régulièrement, les JCC ont réussi le pari de durer, puisqu’elles ont aujourd’hui 38 ans.
Les JCC sont également une occasion unique de rencontres entre les cinémas arabes et africains, si proches et si lointains, une fenêtre ouverte sur deux univers qui ont besoin de se parler pour évoluer ensemble. Les nombreux débats qui agitent depuis des années les professionnels du secteur, durant le festival, ne cessent d’enrichir les deux mondes.
Les JCC sont, par ailleurs, l’occasion de découvrir des créateurs qui, pour des raisons objectives liées au fait que les circuits de diffusion sont monopolisés par les grands majors occidentaux, ne pourraient pas imposer leur vision du monde sous d’autres cieux et dans d’autres festivals.
Souvenons-nous des débuts de Ousmène Sembène, Youssef Chahine, Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo, Nouri Bouzid ou autres Mohamed Malas… Avant de conquérir une audience internationale, ces cinéastes ont d’abord été consacrés à Carthage…
Le Festival permet aussi des dialogues et des rencontres régulières entre les cinéastes du Nord et du Sud. Deux mondes qui ont besoin de se parler pour mieux se comprendre et coopérer. Et l’on voit souvent concrètement le résultat de ces rencontres à travers les co-productions, les co-financements, le partage des idées et des projets qui sont souvent décidés ou initiés à Carthage…
Toute réussite, on le sait, a son revers, dont notamment une certaine incompréhension qui peut aller jusqu’au dénigrement. Tant il est vrai que l’organisation d’une manifestation aussi importante et complexe, peut connaître quelques imperfections, dues notamment au manque de moyens dont disposent les cinéastes africains et arabes...
Mais s’il fallait trouver un indice de la bonne santé des JCC, on pourrait citer :
l la présence importante des cinéastes, producteurs, distributeurs et critiques, africains, arabes et occidentaux, à ses diverses sections ;
l l’afflux grandissant du public dans les salles obscures ;
l l’intérêt croissant des sponsors locaux et internationaux pour une manifestation qui gagne en popularité.
Ce sont là des signes qui ne trompent pas.
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