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Samba Félix N’DIAYE - Sénégal : Président
EN MEMOIRE DE SAMBA FELIX N’DIAYE
En 2008, lorsque nous avions demandé à Samba Felix N’diaye d’accepter d’être le président du jury documentaire de la 22° session des Journées cinématographiques de Carthage nous n’avions pas mieux trouvé pour le convaincre qu’un argument un peu tiré par les cheveux. « Tu es le doyen des documentaristes africains » lui répétions-nous au téléphone pour faire reculer son hésitation. « Vous voulez me tuer, je ne suis pas si vieux » rétorqua-t-il avec malice « et je n’ai surtout pas dit mon dernier mot ! » poursuivit-il dans un éclat de rire. Mais voilà qu’un plus tard (presque jour pour jour), la mort vient ravir cet homme de grande valeur qui avait encore tant à donner au cinéma et à l’Afrique.
Quand la nouvelle est tombée nous avons tressailli à l’idée que son pressentiment eût pu être prémonitoire. L’hommage que nous tenions à lui rendre au cours des JCC pour soutenir son combat en faveur du documentaire en Afrique était juste un geste de solidarité, une main tendue, un clin d’œil complice pour célébrer loin de toute grandiloquence, la persévérance de cet homme qui a défendu sa vie durant les valeurs humanistes du documentaire. Mais avec quelle dignité et quelle intégrité ! Toute la leçon est là. Au cours de la semaine qu’il a passée sous nos cieux, Samba Félix N’diaye nous a magistralement montré que la droiture du documentariste est une démarche indissociable d’une attitude sereine face la vie, une forme d’élégance en somme. Ne jamais se trahir et ne jamais se départir d’une attitude à la fois conciliante et ferme. Tel est le courage que Samba Félix N’diaye nous a enseigné.
Formateur généreux, ce technicien chevronné qui a également accompagné en tant que producteur des générations de cinéastes de son pays et d’ailleurs est surtout un réalisateur de talent dont les films resteront dans la mémoire africaine comme des exemples de citoyenneté.
LE COMITE D’ORGANISATION DES JOURNEES CINEMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE 2008
Né en 1945, à Dakar, Samba Félix N’Diaye est aujourd’hui le doyen des documentaristes africains. Il obtient en France
une Maîtrise d’études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université de Paris VIII et perfectionne sa formation
technique à l’Institut Louis Lumière (prise de vues et montage).
Chargé de cours à Vincennes, il devient expert du
CIRTEF et assure la formation des réalisateurs des télévisions nationales de l’ensemble des pays du conseil des radios
et télévisions francophones. Secrétaire général de la Société des réalisateurs sénégalais, il collabore aussi à un certain
nombre de films en tant que producteur, producteur exécutif, caméraman ou monteur. Sa filmographie compte près
de douze documentaires, la plupart en 16 mm. Les plus importants ont obtenu des distinctions internationales («Gety
Tey ou prendre la mer aujourd’hui», «Le Trésor des poubelles», «Lettre à un ami cinéaste», «N’Gor l’esprit des lieux»).
L’auteur de «Lettre à Senghor» et de «Rwanda pour mémoire», s’interroge dans son oeuvre la plus récente, «Questions
à la terre natale», sur le sort des pays africains depuis les indépendances.
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