Youssef Chahine
Le sujet n’est pas simple mais Chahine concentre toute son attention sur la société égyptienne, à travers quelques individus, la veille de la guerre et ne donne aucun détail, par exemple, sur les enjeux de la Guerre froide dans le Moyen-Orient ou même dans la région du canal de Suez. Si le film est complexe, confus, ce n’est donc pas en raison du contexte mais à cause de ses intrigues éclatées et de leur interprétation parfois difficile (on pense un peu aux métaphores politiques de Godard ou de Saura). L’officier Raouf et le cheikh Ahmad poursuivent un bandit (un certain Abou Kheidr) et se dirigent vers Le Caire.
Avec l’aide d’un journaliste qui enquête sur un détournement de machines dans une usine, ils comprennent que le bandit en question est protégé par des hommes politiques haut placés (dont on ne saura d’ailleurs jamais rien).
Le moineau dénonce la corruption qui a semblé gagner tout le pays au point que de hauts fonctionnaires se soient liés avec de simples voleurs. Il traite également d’une certaine façon du rapport père-fils puisque Raouf est le fils adoptif du préfet qui prend en main « l’affaire Abou Kheidr ».
Dans son film, Chahine accorde de l’importance aux femmes : Bahiya (le mot arabe pour « Égypte »), forte et déterminée, est celle qui ne renonce pas après la défaite du 12 juin 1967 et entraîne la foule dans la rue (le plus beau moment du film lorsque le réalisateur saisit Le Caire dans une série de plans vides, puis, dans une seconde série, quand le peuple envahit les rues et manifeste pour s’opposer à Nasser). Enfin, Chahine parle indirectement de l’avenir de son pays et lui souhaite toute la persévérance et l’abnégation de cet enfant qui, pour rejoindre la capitale, jamais ne baisse les bras. Ce petit, dont on se moque pourtant à plusieurs reprises, veut à tout prix rejoindre Le Caire pour pouvoir soigner un camarade qu’il a blessé malgré lui. Avec Bahiya, ils sont les seuls personnages à vraiment conserver leur noblesse.
Par Benjamin Fauré
(Extraits)
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