Ramadhan Suleman
Afrik.com : Les héros de Zulu love letter sont des héroïnes. Pensez-vous que les femmes ont plus souffert de l’apartheid ?
Ramadan Suleman : Ce sont généralement les femmes qui souffrent le plus et ce n’est pas seulement en Afrique du Sud. Dans le monde, en Argentine, au Paraguay…partout les femmes se sacrifient énormément. J’en suis la preuve vivante. Ma mère a tout fait et tout accepté pour que j’aille à l’école. Dans les années 50-60, beaucoup d’artistes, à l’instar de nombreux Sud-Africains, ont quitté le pays, beaucoup de femmes sont donc restées seules, sans mari. De même que beaucoup d’hommes allaient travailler à 600, 1000 km de chez eux laissant leurs femmes s’occuper des enfants. L’Afrique du Sud d’aujourd’hui est le résultat du travail de ces femmes. Si l’Afrique du Sud est un pays libre et démocratique depuis 12 ans, c’est grâce aux Sud-africaines.
Afrik.com : A travers ce film, vous dites en substance que le passé ne peut pas s’effacer d’un coup de baguette magique, surtout si c’est le souhait des politiques à travers par exemple la Commission vérité et réconciliation en Afrique du Sud ?
Ramadan Suleman : La politique ne peut pas déterminer le processus de deuil, elle peut juste aider les gens dans cette démarche. Par exemple, à travers des centres, où les gens peuvent venir discuter car, chez nous, on ne fait pas, on ne peut pas faire son deuil seul. On ne peut pas imposer le pardon, sinon c’est dangereux.
Afrik.com : Vous montrez aussi que les anciens bourreaux sont toujours là ?
Ramadan Suleman : Ils sont toujours là et peuvent encore commettre des crimes. Ils ne peuvent peut-être plus menacer des gens comme Thandeka, mais ils constituent encore un danger contre lequel nos seuls remparts sont l’Etat et la justice.
Afrik.com : Si on ne devait retenir qu’un seul message de ce film, quel serait-il ?
Ramadan Suleman : L’amour ! L’amour d’une mère pour sa fille : Thandeka et Mangi, d’une autre qui cherche sa fille : Me’Tau et Dineo. Zulu love letter est un voyage d’amour.
Par Falila Gbadamassi
(Extraits)
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