Khaled W. Barsaoui
Khaled Barsaoui a fait ses premières armes au sein de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs, où il a su très vite se faire remarquer en réalisant, en 1984, Le voleur de jasmin. Il avait 29 ans et il possédait déjà un style. Son thème de prédilection, c’est l’enfance, qu’on retrouvera deux ans plus tard dans L’enfant et l’aveugle, également réalisé dans le cadre de la Ftca. Mais l’enfance – vieux cliché du cinéma s’il en est – est, ici, l’allégorie d’une puérilité qui traverse toute l’œuvre de Barsaoui. C’est cette fraîcheur poétique, antidote contre le mélodrame ambiant, qui donne à des films un air de jeunesse, une force de renouvellement dont le cinéma tunisien a bien besoin.
Ces succès non professionnels ont aussitôt aidé le jeune cinéaste à rentrer de plain-pied dans l’assistanat. En quatre ans, il participe, à ce titre, à six longs métrages : Cœur nomade de Fitouri Belhiba (Tunisie, 1987), Arab de Fadhel Jaziri et Fadhel Jaïbi (Tunisie, 1988), Layla, ma raison de Tayeb Louhichi (Tunisie, 1989), Un enfant nommé Jésus de Franco Rossi (Italie, 1989), L’amico arabo de Carmine Fornari (Italie, 1990), Mayrig de Henri Verneuil (France, 1991).
Son premier court métrage de fiction, il l’a réalisé en février 1992. Un certain regard, sélectionné lors de la dernière session des Jcc dans la section officielle, est difficile à résumer parce qu’il ne raconte pas à proprement parler une histoire. Ce n’est pas tout à fait un exercice de style, non plus.
C’est l’itinéraire d’un regard féminin, naviguant entre réalité et fantasme, allégorie du fait cinématographique. Khaled Barsaoui est un cinéaste pressé, ce qui ne veut pas dire qu’il est imprudent. Car, à côté de cette activité créatrice, il n’arrête pas d’exercer dans d’autres cadres et selon d’autres normes. Et, si les JCC 90 de Carthage à Ouagadougou est documentaire entaché de fiction (sans doute l’un des meilleurs films sur les Jcc), d’autres sont plus sèchement des œuvres sur commande, ou simplement des œuvres sur commande, ou simplement des spots publicitaires. Cet équilibre est, pour le moment, fertile. Reste à savoir quel parti Khaled Barsaoui compte en tirer pour l’avenir. Nous ne tarderons pas à le savoir.
Par Tahar Chickaoui
(Extraits)
Ecrans d’Afrique