سجنان(تونس) - JCC : 1974 - 110 min


عبد اللطيف بن عمار




46 ans après sa réalisation et dans le cadre d’un hommage rendu par la Cinémathèque tunisienne à Néjib Ayed, directeur des journées cinématographiques de Carthage disparu récemment, le réalisateur Abdellatif Ben Ammar a bien voulu revenir sur le contexte politique dans lequel son film Sejnane a vu le jour et sur les rêves de liberté et de prise de conscience des artistes tunisiens.

En effet, le film qui a été réalisé en 1973 a été interdit de sortie en salles après s’être vu refusé le fameux visa d’exploitation. Primé aux JCC en 1974 par un Tanit d’argent, le film raconte la lutte d’un fils de syndicaliste tué par la main rouge, pour l’indépendance de la Tunisie durant l’année 1952, année particulièrement marquée par une résistance farouche et sanglante face à l’occupant français.

Sur le pourquoi du film et la liberté du cinéaste, Abdellatif Ben Ammar a bien voulu partager avec le public venu à la cité de la culture voir son film ce qui suit :
« En 1973, il y avait un rêve cinématographique, un rêve qui dépassait le cadre du cinéma et qui était commun à toutes les intelligences vives du pays qui -dans les années 60- ont été progressivement déçu par la tournure que prenait la nature de l’ordre établi. Autant dans les années 60, la construction du pays y compris la construction des écoles, de la santé, etc, n’était pas un vain mot, c’était vraiment un rêve qui habitait tous les tunisiens qu’ils soient paysans ou ingénieurs ou de grands techniciens, autant le système a commencé à montrer une stagnation dans la logique du politique qui s’installait dans la chaise du pouvoir et ne voulait plus admettre la liberté de critique ou la liberté de penser ou la liberté. Quant aux faits historiques rapportés par le film, le réalisateur a dit que « Les évènements des confrontations entre les mineurs et les forces d’occupation françaises sont basés sur des faits réels. A Sejnane, il y avait une mine de fer et les miniers ont organisé des grèves et il y a eu des morts durant l’année 1952, une année où tous les chefs étaient en prison et il n’y avait plus que Farhat Hached qui avait la charge de la lutte contre le colonialisme, c’était l’année de la violence entre la main rouge, les français et les tunisiens.

Par Chiraz Ben M’rad
(Extraits)

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