جبريل ديوب مامبيتي
Touki Bouki, le film dont émane Mille soleils, de Mati Diop, est une œuvre à part. Un chef-d’œuvre pour être plus juste, libre et insolent, éclatant de joie et empreint d’une sourde mélancolie, à cheval entre un Bonnie and Clyde teinté d’humour potache et un documentaire de Jean Rouch qu’on aurait trempé dans le bain des couleurs primaires des Godard des années 1960…
Restauré en 2008 par la World Cinema Foundation de Martin Scorsese, ce film de 1973 est le premier, le plus exalté, le plus extraordinairement inventif des sept longs-métrages du Sénégalais Djibril Diop Mambéty, poète visionnaire, cinéaste franc-tireur mort en 1998, quand il n’avait que 53 ans – l’oncle de Mati Diop. Au même titre que ses autres films, Touki Bouki reste injustement méconnu et il faut saluer l’initiative du distributeur Independencia qui a choisi, à la faveur d’une belle programmation imaginée autour de la sortie en salles de Mille soleils, de le ressortir en salles.
A Paris, Touki Bouki sera projeté le 6 avril à 20 h 30 au cinéma du Panthéon, où seront concentrés la plupart des événements liés au film et à ses influences (Le Retour d’un aventurier, western africain de Mustaffa Al-Hassan, le 1er avril ; rencontre avec Alain Gomis, le réalisateur de L’Afrance, le 2 avril ; performance du cinéaste américain Ben Russell le 5 avril ; projection de La Soufrière, de Werner Herzog, le 9 avril ; courts-métrages de Dominique Gonzales-Foerster et Pierre Huygues le 14 avril…).
Dans les villes de province où Mille soleils doit sortir (Tours, Nantes, Bordeaux, Lyon ou Saint-Etienne…), Touki Bouki sera à l’affiche tous les week-ends.
Par Isabelle Regnier
(Extraits)
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