علاء الدين سليم
Comment est né Sortilège ?
De plusieurs sources. C’est un patchwork de moments, de lieux, de choses personnelles liés à une image, une odeur, une situation, une rencontre, un état d’âme. Pour donner un exemple, la deuxième partie du film je l’ai écrite en moins de 24 heures. D’autres fois je prends beaucoup de temps. Le film est venu comme ça, de manière éparpillée. Je savais que le soldat allait avoir des seins, je savais que la femme allait tomber enceinte et allait rencontrer ce personnage mystérieux dans la forêt. Mais le serpent et la toute dernière séquence où le mari vient chercher sa femme dans la forêt, tout cela a été écrit au moment des repérages. L’écriture évolue tout le temps, elle n’est jamais figée et se réinvente aussi au tournage. Quand j’écris le scénario, je fume souvent du cannabis. De façon à perdre le contrôle. Il y a des idées ou des scènes qui ne pourraient pas naître autrement. Cela me permet de suivre mon instinct. Je n’ai pas envie de tout comprendre.
J’ai d’abord besoin de sentir la mer dans laquelle je me baigne et j’y vais à l’aide de tous mes sens. Pour donner un exemple plus précis, l’une des inspirations du film c’est un tableau que j’avais repéré dans une série, The Young Pope de Paolo Sorrentino. A plusieurs reprises le personnage passe devant un tableau qui, ce que je croyais à l’époque, représente un homme avec des seins qui allaite un bébé. Cette scène m’a fasciné. En fait c’est une femme avec une barbe mais quand je l’ai appris mon imagination était déjà partie très loin. A la même époque, mon ex-femme était enceinte de notre deuxième fille. Je ne comprenais pas pourquoi c’est toujours la femme à qui on donne tout le bénéfice de la grossesse. Durant ces 9 mois, le père souffre autrement. Faire allaiter le bébé par le soldat était une façon de prendre ma revanche !
Dans Sortilège comme dans Last of Us, on décèle un goût pour l’errance, le vagabondage. Les personnages quittent un territoire urbain et s’enfoncent dans la nature.
Ils dévient, ils ont des accidents, ils ne contrôlent pas les choses. Ce n’est pas toujours par choix qu’ils quittent ainsi leur territoire. A chaque fois quelque chose les pousse à aller dans une certaine direction.
Par Jean-Sébastien Chauvin
(Extraits)
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