رضوان الكاشف
Les films égyptiens exploités en France et qui ne sont pas signés du grand arbre Youssef Chahine sont trop rares pour que l’on fasse la fine bouche à la Sueur des palmiers. Sous ce titre ingrat se cache un conte étonnant et cruel, l’histoire d’un tout petit village du sud de l’Egypte entièrement abandonné par les hommes, provisoirement exilés pour chercher fortune, à l’exception d’un seul, jeune et beau, en pleine sève, livré aux femmes esseulées. Pour elles, il passe ses journées à assumer toutes les tâches qui reviennent à son sexe, y compris la plus flatteuse. C’est la splendide Salma qui lui fera commettre cette irréparable trahison, qu’il paiera au prix fort lorsque les hommes reviendront.
Parce qu’il oscille en permanence de la luxuriance à l’âpreté et du vaudeville au drame, le film de Radwan El-Kashef, somptueusement photographié par Tarek El-Telmessani, parvient à maintenir en éveil la curiosité malgré quelques baisses de régime. Parce qu’il s’occupe aussi de saisir sur pellicule une partie du vaste infilmé qui forme les grands trous noirs du cinéma arabe, la Sueur des palmiers brille régulièrement d’un feu dangereux et ardent. Les scènes d’amour notamment, quoique finalement très chastes, brûlent d’un érotisme presque intenable, qu’accuse encore, alentour, une nature garce et torride.
Du mouvement de balancier qui fait surgir la violence dans la foulée des plaisirs, la honte dans le sillage de l’honneur et la mort dans les pas de l’amour, le vieux routier Radwan El-Khashef tire souvent le meilleur parti: celui du cinéma comme plaque sensible, où s’inscrivent les éléments premiers de la vie. On regrette d’autant plus le manque de nerf dont souffre le film à son mitan, lorsque le cinéaste cherche à enfoncer trop bruyamment le clou de ses opinions prévisibles» avant d’heureusement rebondir.
Par Olivier Séguret
(Extraits)
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