الشيخ عمر سيسوكو
Si Nyamanton permet de faire une critique sur le rôle de certains responsables administratifs et politiques, à cause de l‘injustice sociale qui règne où les riches exploitent les pauvres, il est difficile d‘imaginer des arrestations ou de voir le pauvre restauré dans ses droits dans les sociétés africaines. Mais l‘objectif de Sissoko et du cinéaste africain en général est moins l‘incarcération des responsables fautifs que la prise de conscience de la majorité pauvre des populations qui, souvent, attribuent leurs difficultés à Dieu. Cheick Oumar Sissoko aborde également la condition de la femme au Mali et en Afrique dans le film. Saran et Fanta, la mère et la sœur de Kalifa illustrent bien cette condition. La mère de Kalifa est une domestique employée dans une famille riche. Elle n‘a point de jour de repos, travaille inlassablement pour une famille autre que la sienne.
Lorsque Kalifa pose cette question à son père : « Père, pourquoi mère n‘a pas aussi un jour de repos ? », ce dernier répond : « Les bonnes n‘ont aucun statut. Elles sont à la merci des gens. » Comme Saran, tant de petites gens sont exploitées par une minorité riche qui impose ses propres règles. Analphabètes, tant de femmes en Afrique comme Saran souffrent du manque d‘éducation et des pesanteurs sociales. Le taux élevé d‘analphabétisme chez les filles en général pourrait s‘expliquer par le système de patriarcat qui régit la plupart des sociétés en Afrique. Dans les sociétés traditionnelles, la place 97 assignée à la femme est le foyer où elle s‘occupe des travaux ménagers. La Banque Mondiale rapporte ceci dans le cadre d‘une étude qu‘elle a effectuée sur « Les filles et l’école en Afrique Subsaharienne ».
Nyamanton n‘est pas que le portrait de l‘enfant Africain mais il est surtout un « film de dénonciation » par cet artiste engagé qu‘est Sissoko pour éveiller les consciences, comme il le dit ainsi dans une interview avec Diawara et Robinson : » I tried to set it straight that the goal of Nyamanton is the awakening of consciousness by explaining to the population that their misery, the fact that they are exploited, is not due by fatalism nor to Allah‘s will. It‘s due to the social relations of exploitation existing in that society, to the fact that a minority is exploiting them”.
Par ABDOU SALAM YARO
(Extraits)
L‘IMAGE DE L‘ENFANT DANS LE CINEMA
POST-COLONIAL EN AFRIQUE
DE L‘OUEST FRANCOPHONE.