حسان فرحاني
“A quoi tu sais qu’un garçon est amoureux d’une fille ?” Aux abattoirs d’Alger, les plus grands d’Afrique, Hacène Ferhani s’intéresse à l’âme plutôt qu’à la chair. Le jeune réalisateur de trois court-métrages, qui passe avec Fi Rassi Rond-Point au long, ne filme pratiquement pas le travail pénible des ouvriers. Sa caméra s’attarde plutôt sur les heures creuses, notamment les soirées. Elle plonge jusqu’à l’intimité de ces employés, que cet enfant du quartier – il a grandi à Ruisseau – jure de ne pas avoir dirigés. A l’écran, ils sont eux-mêmes, dans leur entière vérité. Pour gagner la confiance et le cœur tourmenté de ces hommes, Hacène Ferhani et son preneur du son Djamel Kerkar ont passé plus de deux mois dans cette bâtisse en décrépitude.
Au lieu de la mort, ils y ont trouvé le sel de la vie. Des chansons de raï aux pensées de Youssef, le jeune de 19 ans qui se demande à quoi on reconnait un homme fou amoureux, la femme est omniprésente, sans jamais apparaître à l’écran. Fauché par l’amour, Youssef, qui entretient une relation téléphonique avec une jeune fille, se sait condamné à la solitude s’il ne quitte pas les abattoirs. Ici, les hommes peuvent y passer leur vie sans la gagner. A l’image du poète, qui, malgré ses 94 ans, roule encore sa bosse entre les carcasses. Alors, qui voudrait de Youssef ?
Le manque d’amour est partout, il hante chaque âme esseulée qui peuple ces abattoirs. Et à chacun sa méthode pour atténuer la souffrance. Amou, le philosophe aux faux airs de Saddam Hussein, s’entiche d’un oiseau migratoire, en provenance d’Angleterre. Et pour s’assurer que la compagnie ne prenne pas la poudre d’escampette, Amou a attaché son oiseau, à l’aide d’une corde.
Par Yahia ARKAT
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