فاطمة زهرة زموم
S’il faut compter sur Arte pour lancer et faire connaître de jeunes réalisateurs, c’est peine perdue. La Pelote de laine, court métrage de fiction de 14 minutes, réalisé par Fatma-Zohra Zamoum, est récemment sur Arte, après minuit, quand les éventuels spectateurs dorment depuis longtemps.
A moins que la chaine franco-allemande considère qu’un film inédit est déjà un objet « maudit ». Passons. Faisons connaissance avec F. Z. Zamoum : diplomée de l’Ecole des beaux-arts d’Alger dans les années 1980, elle s’est installée à Paris pour partager son temps entre la peinture, l’écriture de scénarios et la recherche de fonds pour faire des courts métrages. La Pelote de laine a été réalisé en 2005, produit par 5° Planète, avec des images de Jacques Boumendil et deux interprètes, à savoir Fadéla Belkebla et Mohamed Ourdache. Chaque jour, quand il part au travail, un ouvrier émigré vérifie que la porte de l’appartement est bien fermée et que la clé atterrit au fond de sa poche.
A l’intérieur, sa femme et ses deux enfants débarqués récemment du « bled ». La femme, qui rêvait peut-être depuis longtemps des joyeuses années qu’elle comptait vivre en banlieue parisienne, ne sombre pourtant pas dans la déprime. La contrariété l’enrichit au contraire et lui ouvre de nouvelles perspectives. Grâce à sa voisine française avec laquelle elle communique d’un balcon à l’autre à l’aide d’une pelote... de laine.
Les deux voisines s’échangent beaucoup de choses au bout du fil. L’instrument qui sert à l’enfermement (la clé) ; bientôt les deux complices en feront un double pendant que le mari dort ! F. Z. Zamoum a un regard distancié dans cette histoire. Elle fait l’éloge de la créativité de son héroïne et de son rapport au monde et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est un petit film loin des clichés misérabilistes sur la vie en banlieue. C’est le regard d’une artiste pour qui la pelote de laine symbolise la patience infinie et le don de création. On retiendra quelques belles images sur les balcons et de gros plans sur les gâteaux !
Par Azzedine Mabrouki
(Extraits)
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