Abdellatif Ben Ammar
Première diffusion en France d’Aziza, le troisième long métrage du réalisateur tunisien Abdellatif Ben Ammar. Ce film, qui avait été présenté en 1980 à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes et aux Journées cinématographiques de Carthage, a été la première coproduction algéro-tunisienne, « une initiative importante dans la tentative d’ouvrir un marché arabe «, rappelle Hassen Daldoul, le producteur d’Aziza.
Les quelque soixante-dix salles de cinéma tunisiennes croulent en effet sous les programmations étrangères très rentables. Les rares producteurs de films tunisiens doivent s’acharner pour trouver des distributeurs prêts à s’engager dans des projets moins populaires. Cercle vicieux, le public, sevré de créations nationales, se tourne plus naturellement vers les aventures de James Bond ou le dernier film français. Le nombre de trente mille entrées enregistrées par Aziza, en Tunisie, se révèle donc tout à fait honorable.
Le cinéma tunisien produit un ou deux films chaque année, chiffre dérisoire. Pourtant, même s’il est souvent « engagé» dans des problèmes sociaux - la terre, l’exode rural, la famille, - ce cinéma frappe par sa finesse et sa diversité.
Abdellatif Ben Ammar, lui, aime parler des femmes : Une si simple histoire, Sejnane, Aziza, autant de récits intimistes qui touchent. Loin des clichés militants, le réalisateur joue sur l’ombre et la lumière crue de l’Orient, met en scène sa vision du quotidien, tendre, cruelle, et parfois drôle.
Par C.Y.
(Extraits)
Lemonde.fr