Ridha Béhi
Où il advint que Tahar, le pur, décida de résister contre l’envahisseur, et le pire lui arriva. Où il se révéla impossible pour le village de garder ses pêcheurs et ses familles, et le village s’écroula. « Soleil des hyènes «, du Tunisien Ridha Behi, ressemble aux histoires millénaires qui intéressent surtout aujourd’hui certains enfants. Les personnages sont très stylisés : il y a le simple qui est juste et le simple d’esprit un peu devin ; il y a le fataliste avisé qui se laissera faire et le profiteur qui l’est par nature.
Ces gens vivaient tranquillement au soleil, avec leur part de malheur et de misère, jusqu’au jour où le danger est venu de la mer, avec le débarquement de promoteurs hollandais qui transforment le village en paradis du tourisme. Peu à peu, les habitants sont chassés de leur domaine et vendent leur liberté, leur temps, leur force de travail, parce qu’ils n’ont plus les moyens de faire autrement.
Remarqué au Festival de Cabourg l’année dernière, « Soleil des hyènes « montre bien l’horrible destruction, la transformation d’une culture vécue en clichés de cartes postales, marchandées à des pilleurs, qui, après tout, sont eux-mêmes de pauvres dupes.
On ne reprochera pas à Ridha Behi d’avoir choisi cette forme de récit simple, à la fois militant et poétique, d’avoir opposé la beauté du village traditionnel à la vulgarité du nouveau monde, dont il déforme systématiquement l’image. Il est dommage, cependant, qu’il se soit embarrassé de quelques dialogues plats qui déséquilibrent l’ensemble.
Par CLAIRE DEVARRIEUX
(Extraits)
Lemonde.fr